Peste d'eau - fin de l'épidémie
- Par pascal2705
- Le 01/11/2020
- 3 commentaires
Episode 5 - La peste d'eau - fin de l'épidémie
Nous nous étions quittés alors que l’étang était envahi d’une végétation problématique. Il s’agissait d’élodée du Canada aussi connue sous le nom plus évocateur de peste d’eau.
Juste pour rappel si l'élodée du Canada est une plante aquatique vigoureuse, elle est aussi considérée comme une plante oxygénante disposant de capacités dépolluantes.
Il n’en demeure pas moins que sa présence rendait toute pêche quasiment impossible.
Par ailleurs, j’ai aussi l’impression qu’elle dérange les poissons, un esturgeon ne résisterait pas à de telles conditions.
Aux dires de l’ancien propriétaire, c’est la première année que ce type de végétation se développe ainsi. Il faut donc agir, à tous maux existe un remède. A moi de trouver quoi faire.
Je previens, les puriste ne seront pas d'accord avec moi et c'est leur droit, mais souyons honnetes, pour ce qui me concerne j’ai choisi l’option efficacité naturelle et rapide.
Il existait en effet plusieurs options.
En premier lieu le faucardage ou l’arrachage des herbes en question. Honnêtement je ne voyais pas bien comment j’aurai pu y parvenir.
Faire intervenir un prestataire spécialisé ? D’accord mais à quel tarif ?
Le faire moi-même grâce à un équipement manuel ? (ps sur la photo ce n'est pas moi) Pourquoi pas ? Mais bonjour le chantier et quelque soit l’une ou l’autre de ces solutions avec quelle efficacité ?
En effet, l’élodée du Canada se multiplie à partir de morceaux sectionnés. Alors en la faucardant, à coup sur j’aurai temporairement diminué sa présence, pour autant elle serait rapidement revenue au travers des petits morceaux qui seraient restés dans l’eau.
Il fallait choisir autre chose.
Je penchais bien entendu pour une méthode naturelle (je dis çà parce que j’ai lu que certains traitent cette végétation avec des produits chimiques - beurk).
Après m’être renseigné sur le sujet j’ai appris que seuls quelques animaux semblaient en capacité de me débarrasser naturellement de cette engeance aquatique.
En premier lieu, l’écrevisse semblait capable de s’y attaquer mais attention par n’importe laquelle.
Il faut savoir que sept espèces d’écrevisses vivent dans les cours d’eau français et que parmi elles, trois sont autochtones :
Il s’agit de :
- l’écrevisse à pattes rouges (Astacus astacus)
- l’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes)
- la très rare écrevisse des torrents (Austrapotamobius torrentium).
Dans mon cas, celle qui est intéressante c’est l’écrevisse à pattes rouges. En effet ces écrevisses sont omnivores et avant tout opportunistes. Ainsi, en été elle consommera énormément de végétaux, alors que l'hiver son alimentation sera plutôt constituée de protéines (macro-invertébrés et petits poissons).
Néanmoins un premier problème se posait, comment et ou en trouver ?
Et puis est-ce que la présence de ces crustacés d’eau douce ne va pas générer l’altération des rives. Je sais en effet que les écrevisses aiment en général creuser des galeries dans les berges alors …
Il me fallait trouver autre chose.
Y avait-il des poissons en capacité de se nourrir d’élodée ?
Après étude il semble bien qu’il n’y ait qu’une seule espèce capable de ce prodige c’est la carpe amour.
Cet étrange poisson qui provient du bassin des eaux tempérées du fleuve chinois Yang-Tze et du fleuve asiatique Amour (qui coule de la Russie sibérienne à la Mandchourie) est aussi présent dans le cours supérieur du Mékong.
Au siècle dernier Il a été progressivement introduit dans les eaux douces du monde entier.
Sa présence en France est signalée depuis 1957.
Mais attention ! Avec cette espèce de poisson on ne fait ce qu’on veut. Il est important d’insister sur ce point.
En effet, Jusqu’en 2005, elle pouvait être introduite librement dans les « eaux closes ». Mais en 2006, la loi sur l’eau et les milieux aquatiques avait supprimé cette possibilité. Son introduction devenait donc interdite.
Depuis mars 2013, moyennant une autorisation préfectorale, la carpe amour peut à nouveau être introduite dans les plans d’eau de métropole munis de dispositifs permanents empêchant la libre circulation du poisson. Il faut néanmoins que les spécimens proviennent d’une pisciculture agréée. En respectant ces contraintes il est donc possible légalement de l’introduire en étang.
Pour indication, le formulaire CERFA qui doit être complété pour transmission à la préfecture est disponible sur internet.
Précision : toutes ces dispositions n’empêchent néanmoins pas de nombreuses jardineries de proposer à la vente libre des spécimens de petite taille pour des bassins d’agrément …
Alors j’ai fait comme il fallait et muni de mon autorisation je suis allé dans ma pisciculture préférée acheter ce poisson.
Une fois conseillé par leurs soins (taille et nombre de poissons) j’en suis reparti avec trois spécimens que j’ai introduits le jour même dans mon étang. C’était en mai (début du 1ier déconfinement de 2020).
Les belles étaient timides car surement impressionnées par l’ampleur de la tâche.
J’avais confiance, avais-je raison ?
Honnêtement le résultat ne s’est pas fait attendre.
Début juin déjà on pouvait constater un réel désengorgement. L’élodée se faisait moins présente en bordure et surtout moins dense partout.
Et miracle, fin Juin l’épidémie était jugulée. L’étang retrouvait une allure normale.
Ai-je eu raison d’agir de la sorte ?
Certains me disent que dorénavant la végétation aquatique sera en difficulté, l’avenir le dira.
De toute façon pour ce qui concerne le frai du printemps, moment ou les poissons auront besoin de végétation, j’ai trouvé une solution et on en reparlera.
En attendant, comme disait Marc Roussel « Avoir des idées, c'est bien, les expérimenter c'est mieux ».
Partant de ce principe, mon expérience vous sera surement utile et tout cas je le souhaite
Commentaires
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- 1. Denis Le 01/08/2024
Bonjour Pascal,
merci pour ton partage plein d'espoir ! Je suis aussi envahi cette année. Je vais tenter les amours ... Peux tu me dire combien de poisson à l'hectare tu as mis?
Je te souhaite une trés bonne journée. -
- 2. Berclaz Chloé Le 16/07/2021
Bonjour Pascal,
Quelle est l'évolution aujourd'hui de l'élodée dans l'étang ? et des carpes ? nous avons un problème similaire depuis quelques années et à la recherche d'une solution qui fonctionne pour de bon... comment est venu l'idée d'utiliser des carpes amour ? (littérature ?...)
Merci pour tore retour-
- pascal2705Le 21/04/2022
Bonjour Chloé Désolé de répondre aussi tardivement à ton message mais il était passé à la trappe. Concernant l'élodée du canada en début de saison dernière j'ai vu des repousses apparaitre mais les carpes amour veillaient au grain et tout a rapidement disparu. Cette année, aucune trace. Les carpes de leur coté vont très bien, elles ont beaucoup grossi et se nourrissent toujours d'herbes aquatique quand il y en a mais aussi des feuilles des arbres (et oui çà peut paraitre incroyable mais c'est vrai). Si jamais une branche de peuplier tombe à l'eau elles se jettent dessus et mangent les feuilles. Pour savoir comment les utiliser, je me suis renseigné sur internet, puis je suis allé en pisciculture pour obtenir confirmation de ce que j'avais appris. Je reste disponible pour toute précision. Bien cordialement et encore désolé du délai de cette réponse.
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